« Depuis 1938, le romanche est l’une des quatre langues nationales suisses. Il se divise en cinq idiomes écrits : le sursilvan, le sutsilvan, le surmiran, le puter et le vallader. Depuis 40 ans, il existe aussi une forme écrite standard, le rumantsch grischun. En Suisse, quelque 60 000 personnes parlent encore le romanche de nos jours, dont environ un tiers ne vit pas dans le canton des Grisons.
Si
l’on compare le nombre de locuteurs, les trois autres langues
nationales sont bien plus représentées en Suisse que le romanche.
Cependant, la Confédération a pour obligation et désir de promouvoir le
romanche, qui est en déclin non seulement à cause de l’exode de la
population indigène, mais surtout en raison de la mixité linguistique
qui règne dans la région. Selon une étude réalisée par la Confédération
en 2019, l’existence de cette langue est ainsi menacée à moyen terme.
Jusqu’à
présent, la migration linguistique interne n’a guère été considérée
comme un problème, mais c’en est bien un pour notre langue. À la Lia
Rumantscha, nous tentons par conséquent de faire du romanche une langue
d’intégration. En d’autres termes, nous sensibilisons les nouveaux
habitants germanophones des communes romanches à la problématique et les
incitons à apprendre la langue locale quand bien même tous les
Romanches comprennent l’allemand.
De nombreux Portugais
se sont installés dans notre région ces dernières décennies. Il y a plus
de dix ans, la Lia Rumantscha a donc lancé « Piripiri », une formation
qui est spécialement destinée à faciliter l’accès des Portugais à la
langue et à la culture romanches. Ces cours ont fait leurs preuves et
contribuent à l’intégration culturelle.
La création par
la Confédération d’une attestation de langue en romanche est une étape
importante pour notre langue, qui a besoin d’une offre de formation
ininterrompue de l’école obligatoire à l’université. Il est aussi
essentiel qu’elle soit systématiquement présente dans l’administration
publique et les médias.
Pour ma part, j’ai grandi dans
une commune romanche de la Surselva. À la boulangerie du village de
Waltensburg/Vuorz travaillait José, un Portugais qui parlait couramment
le romanche. Le portugais et le romanche sont très proches. Ces
dernières années, de nombreux Portugais se sont mis au romanche. Je n’ai
malheureusement pas encore appris la langue de Camões, mais je me
rattraperai lorsque le Portugal sera devenu le 27e canton suisse. »
Andreas Gabriel, secrétaire général ad intérim de la Lia Rumantscha